

Pour lever le voile sur les coulisses de la vie de mère qui travaille à la maison, j’ai, une fois n’est pas coutume, envie de pousser un coup de gueule. Parce que j’en ai assez qu’on confonde femme au foyer et femme qui travaille à la maison, mère et sainte, femme et Shiva. Parce que je suis fatiguée du peu de considération dont bénéficient ceux qui font le choix ( ou non) de travailler depuis chez eux: les points communs entre indépendant à la maison et femmes aux foyer? Zero reconnaissance, et corvéabilité maximum. Et vraiment, y’en a marre.
Parce que travailler de chez soi, ce n’est pas que pianoter sur son clavier en sirotant du thé devant une série américaine.
- C’est commencer à bosser dès que les enfants sont partis pour l’école pour ne pas perdre une minute
- C’est apprendre au dernier moment et encore en pyjama qu’on a rendez vous avec un prospect
- Juste après le rendez vous de 12H30 avec la maitresse
- Et avant le rendez vous de 15H00 avec la pédospy
- Et encore avant que la sonnerie de l’école à 16H30 ne sonne le glas de votre journée de travail.
- C’est savoir qu’on devra travailler après l’heure du coucher, alors que le chat s’est défenestré dans la nuit et qu’on a, évidemment un tout petit peu mal dormi.
- C’est affronter les questions du CC ( Conjoint Candide) du type » Mais pourquoi tu n’y penses pas, toi, à remplacer le drap de la sieste pour l’école?! » ( à ce stade de l’histoire, le bol de Nespouik vole à travers la cuisine).
- C’est tenter de réunir le peu de diplomatie restante pour ne pas voler dans les plumes du client qui t’envoie 18 mails pour te signaler que tu as oublié un espace après la virgule.
- C’est caler le rendez vous pour la radio du bras de l’aînée avant le rendez vous avec le véto du chat pas-mort-mais-presque.
- Demain, donc.
- Demain où il faudra encore rattraper le temps perdu le soir.
Etre maman freelance, c’est aussi ça. Alors s’il vous plait, quand ce soir je viendrai récupérer mes petites, gardez pour vous, pour une fois, vos commentaires sur ma mauvaise mine ou le fait que j’exagère de les mettre à la cantine ou à la garderie alors que je vis juste à côté de l’école.
Vraiment, gardez ça pour vous.
Bonjour Aurélie,
On pourrait ajouter les « mais tu fais ce que tu veux, toi, dans ton emploi du temps donc tu peux :
- ranger l’appart,
- refaire la peinture du radiateur,
- aller à 30 bornes amener le vélo de môsieur pour sa révision,
- emmener la voiture au contrôle technique,
- faire les courses,
- répondre aux courriers administratifs,
- penser à payer la taxe foncière,
- passer l’aspirateur (ben oui entre 2 consultations ça détend, non ?)
ETC, ETC, ETC :p
Je suis de tout coeur avec toi, les mentalités sont difficiles à faire évoluer. Moi j’ai adopté la « chef d’entreprise attitude » qui consiste à dire sur le même mode et à tout public (si possible avec un petit sourire) : « j’ai une entreprise, si je ne travaille pas, je ne gagne pas d’argent, c’est aussi simple que ça » – Au bout de plus de 2 ans ça finit doucettement par rentrer dans les têtes.
Merci pour la phrase qui la leur boucle. Je pense que je vais user et en abuser dorénavant.
Comme je comprends… Cela ne fait pas encore un an que je suis dans cette situation et je me rends bien compte que ça ne percute pas forcément dans la tête des gens. Difficile de faire rentrer les mamans qui travaillent à la maison dans un case.
Mais bon, je veux bien comprendre, c’est encore un statut récent pour moi et j’ai moi-même des difficultés à me définir alors pour les autres
Bon, n’exagérons rien, ça a aussi ça a aussi des côtés supers, d’être indépendant, mais je ne veux pas faire de » Bisounoursisme »non plus, c’est pas tous les jours un grand champs de rose
Qu’on se le dise ! Bien envoyé, Aurélie
Tu sais ô combien je partage ton point de vue. Ne pas hésiter là encore à poser des limites, à soi comme aux autres. Quand on travaille de chez soi, ce n’est pas juste conseillé, c’est nécessaire et indispensable pour la juste reconnaissance de notre travail.
Bon courage à toi !
Oui, je sais Diane, nous aurons l’occasion d’en reparler très bientôt sur le blog
C’est vrai, et c’est un problème que j’ai encore après un an. J’ai le sentiment de devoir me justifier de n’avoir pas fait quelque chose à la maison alors que j’y étais toute la journée. Ou encore les gens qui te téléphonent sur le fixe pour te dire qu’ils passent tout de suite chez toi car tu n’as que ça à faire attendre des gens qui viennent sans avoir pris de rendez-vous. Hâte d’avoir des conseils la dedans.
Aaaaah merci pour ce billet libérateur !!
Je peux ajouter des tonnes d’anecdotes : « Toi, tu as de la chance, tu peux garder tes enfants le mercredi/les vacances… » (mais oui, bien sûr) , « Ah bon, tu les mets à la garderie ? » (ton accusateur), « Madame, en petite section de maternelle, on manque de place dans les dortoirs : vu que vous êtes chez vous, ce serait bien que vous preniez votre enfant de 11 h 30 à 15 h » (ton culpabilisateur), « Quoi, t’as pas le temps dans la journée de repasser/faire le ménage/lancer une lessive/faire les courses ? » (ton incrédule), « Dis, je peux débarquer vendredi prochain pour qu’on passe la journée ensemble, vu que je suis en RTT ? » Et une même réponse à toutes ces questions et commentaires : Et je travaille quand, moi ? NON, être freelance n’est pas un moyen de gagner un « appoint » tout en occupant gentiment ses journées entre deux lessives :-))
Delphine, j’ai beaucoup ri en lisant ta réponse, et plus çava, plus je me dis qu’on devrait porter des badges » je ne suis pas à la maison, je travaille à la maison »
YES ! c’est ça !
En fait, faudrait être Freelance mais pas chez soi ^^
Ce qui me paraîtrait compliqué, en plus de ce que tu as dit, c’est de faire la coupure travail / vie privée. J’ai déjà du mal en temps qu’enseignante à me mettre en mode pause le soir et le week-end, donc là je n’imagine même pas.
Effectivement, Solea c’est l’idéal. Reste à trouver une solution de coworking, ce qui revient le moins cher, mais ça n’existe malheureusement pas encore partout.
Bien vu Aurélie ! Pour ma part, je préconise de ne tout simplement pas dire qu’on travaille « dans sa maison » mais au bureau. Après qu’il soit à la maison ou ailleurs, après tout, ça regarde qui ? Bon, pour le conjoint et les proches, ils risquent d’avoir des doutes, mais là soyons fermes : non, je ne fais pas tes corvées dans la journée, non maman, je ne prends pas ton appel à 14h36, oui mon ptit chou, la cantine c’est trop chouette, etc.
A bientôt !!
PS : je fais la maligne, mais moi, à force, j’ai pris un bureau à l’extérieur…
Morgane, c’est précisement ce que je vise, le bureau à l’exterieur #bonheur
Je ne suis pas freelance mais agricultrice, donc tout le temps à la maison aussi et j’ai connu ça quand mes enfants étaient petits : « mais tu es avec à la maison, c’est bien pour eux » » ah bon tu as des salariés, pourtant tu es là tout le temps » et j’en passe et des meilleurs !!! mais c’est qui qui se tape la compta, la paperasse administrative, les RV avec le comptable … et c’est qui qui va à l’élevage tous les jours voir si tout va bien !!!! A la maison certes, mais pas SANS boulot !!!
Bon courage pour la suite
Tu as raison de le préciser, Dom, le syndrôme de Shiva est plus lié à notre condition qu’à notre statut professionnel, je crois
Bonjour Aurélie!
Je viens de découvrir ta page facebook et ton site. wow!
Merci de ton coup de gueule, je suis moi même maman et entrepreneure, je travaille de la maison pour limiter mes coûts. Je connais quelques amies qui me demandent toujours de les voir pour un lunch ou un café en plein milieu des journées où je puisse bosser, vu que ma fille est à l’école. Il faut bien poser ses limites aux gens qui nous entourent, même à sa famille (qui veulent qu’on les accompagne pour faire les courses, car oui tous ensemble c’est plus rigolot). Et entre la popotte pour le lunch (mon maris tarvaille aussi de la amison), et faire les lits, ranger la maison etc.
En tous cas, bravo pour ton blog!
Claire
Claire, avec un peu de retard merci pour ton commentaire